Succession indivision et usufruit : comment gérer un bien en commun ?

La transmission d’un patrimoine immobilier lors d’une succession génère fréquemment des situations dans lesquelles plusieurs héritiers se retrouvent propriétaires d’un même bien en indivision, parfois grevé d’un usufruit.Cette configuration juridique complexe, qui concerne fréquemment des successions comportant un bien immobilier, nécessite une compréhension précise des droits et obligations de chacun.

Notre étude notariale vous donne les clés pour comprendre et gérer efficacement un bien en indivision grevé d’usufruit dans le cadre d’une succession, des aspects juridiques aux solutions pratiques pour prévenir les difficultés.

Comprendre les notions clés : indivision, usufruit et nue-propriété

Représentation Succession indivision et usufruit

L’indivision

L’indivision est une situation juridique dans laquelle plusieurs personnes détiennent ensemble des droits de même nature sur un même bien, sans que leurs parts soient matériellement divisées. L’article 815 du Code civil rappelle que : “nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision », soulignant son caractère par nature temporaire. Chaque indivisaire possède une quote-part abstraite du bien, correspondant généralement à sa part successorale.

L’usufruit et la nue-propriété

L’usufruit constitue un démembrement du droit de propriété qui confère à son titulaire le droit d’utiliser un bien (usus) et d’en percevoir les fruits (fructus). L’article 578 du Code civil le définit comme : « le droit de jouir des choses dont un autre a la propriété, comme le propriétaire lui-même, mais à la charge d’en conserver la substance ».

Dans une succession, l’usufruit résulte souvent des droits du conjoint survivant qui peut, en présence d’enfants communs, opter pour l’usufruit de la totalité des biens.

La nue-propriété représente le droit de propriété dépourvu de l’usage et des fruits. Le nu-propriétaire détient l’abusus (droit de disposer juridiquement du bien) mais ne peut ni l’utiliser ni en percevoir les revenus tant que l’usufruit existe. À l’extinction de l’usufruit, généralement au décès de l’usufruitier, le nu-propriétaire recouvre automatiquement la pleine propriété (article 617 du Code civil).

Droits et obligations des parties dans une indivision avec usufruit

Droits des indivisaires nus-propriétaires

Les indivisaires titulaires d’au moins deux tiers des droits peuvent effectuer certains actes d’administration (article 815-3 du Code civil), comme la conclusion de baux ou la réalisation de travaux d’entretien.

Pour la vente du bien, l’article 815-5-1 du Code civil permet à un indivisaire détenant au moins deux tiers des droits de solliciter l’autorisation judiciaire de vendre, malgré l’opposition des minoritaires. Cependant, cette procédure exclut les biens occupés par un indivisaire.

Répartition des charges et travaux

L’article 605 du Code civil met à la charge de l’usufruitier les réparations d’entretien, tandis que l’article 606 impose aux nus-propriétaires les grosses réparations : “Les grosses réparations sont à la charge du nu-propriétaire sauf si elles résultent du manque d’entretien de l’usufruitier (pour un bien immobilier, les grosses réparations ne concernent que le gros-œuvre)”.

La taxe foncière incombe à l’usufruitier (article 608 du Code civil), mais une répartition conventionnelle différente peut être prévue.

Défis quotidiens et solutions pratiques

Prise de décision et gestion quotidienne

Pour les actes courants, l’usufruitier peut généralement agir seul. Les décisions importantes nécessitent un consensus entre usufruitier et nus-propriétaires indivisaires.

La jurisprudence récente renforce cette nécessité de concertation : un usufruitier peut conclure seul un bail d’habitation mais ne peut réaliser des travaux modifiant substantiellement la configuration des lieux sans l’accord des nus-propriétaires.

Pour faciliter cette gestion, l’établissement d’une convention d’indivision entre usufruitier et nus-propriétaires est recommandé, précisant les modalités de consultation et de prise de décision. N’hésitez pas également à vous faire accompagner par notre étude notariale à la Wantzenau.

Aspects financiers et fiscaux

En matière d’impôt sur le revenu, l’usufruitier déclare l’intégralité des revenus du bien. Pour l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), l’article 968 du Code général des impôts prévoit que l’usufruitier est redevable de l’impôt sur la valeur de la pleine propriété, sauf exceptions comme l’usufruit légal du conjoint survivant.

Comme expliqué ci-dessus, les nus-propriétaires doivent prévoir le financement des grosses réparations qui leur incombent, sans percevoir de revenus du bien. La création d’un fonds de prévoyance alimenté par un pourcentage des loyers peut être envisagée, avec l’accord de l’usufruitier.

Résolution des conflits

Les principales sources de tension concernent généralement la décision d’occuper, de louer ou de vendre le bien, la répartition des charges et l’entretien. L’usufruitier qui occupe le bien ne peut s’opposer à la vente de la nue-propriété par les indivisaires, mais conserve son droit d’occupation.

Pour résoudre ces conflits, plusieurs options existent :

Anticiper et sécuriser la gestion

La convention d’indivision

Prévue par l’article 1873-1 du Code civil, cette convention permet d’organiser la gestion du bien selon les besoins spécifiques des indivisaires : désignation d’un gérant, détermination de ses pouvoirs, règles de majorité pour les décisions importantes, et modalités de contribution aux charges.

Elle peut être conclue pour une durée maximale de cinq ans, renouvelable (article 1873-3 du Code civil). Lorsque le bien est grevé d’un usufruit, il est recommandé d’y associer l’usufruitier pour garantir une gestion harmonieuse.

Alternatives à l’indivision grevée d’usufruit

Face aux complexités de l’indivision sur laquelle se grève un usufruit, plusieurs solutions peuvent être envisagées :

  1. La société civile immobilière (SCI) transforme les droits indivis en parts sociales, facilitant la gestion et la prise de décision selon les règles du droit des sociétés. L’usufruitier peut détenir le résultat des parts sociales, les héritiers la nue-propriété.
  2. La donation-partage transgénérationnelle (loi du 23 juin 2006) permet à des grands-parents de donner directement à leurs petits-enfants la nue-propriété de biens, en réservant l’usufruit à leurs enfants, évitant ainsi une double succession.
  3. La vente en viager du bien à un tiers, avec répartition du bouquet et de la rente entre usufruitier et nus-propriétaires, permet de monétiser le bien tout en préservant éventuellement le droit d’usage de l’usufruitier.

Le rôle du notaire

Face à la complexité des situations, le notaire joue un rôle essentiel de conseil et de médiation.

Il peut notamment :

Une consultation précoce, idéalement avant l’ouverture de la succession, permet d’anticiper les difficultés et d’élaborer une stratégie patrimoniale cohérente.

La gestion d’un bien en indivision grevé d’un usufruit dans le cadre d’une succession requiert une connaissance précise des droits de chacun et une organisation adaptée. L’établissement de règles claires et le recours à des solutions juridiques appropriées permettent de prévenir les conflits et d’optimiser la valorisation du patrimoine commun.

L’intervention d’un notaire s’avère souvent déterminante pour accompagner les familles. Au-delà des aspects techniques, la préservation de l’harmonie familiale constitue un objectif primordial qui justifie pleinement les efforts d’organisation et de planification.

En conclusion

Les frais de notaire dans le cadre d’une succession constituent un aspect incontournable du règlement successoral. Leur composition complexe mêle émoluments réglementés, débours et impôts, ces derniers représentant généralement la part la plus importante. Une bonne compréhension de ces frais permet d’anticiper efficacement leur impact sur la transmission patrimoniale.

Notre étude notariale à la Wantzenau met son expertise à votre disposition pour vous accompagner dans toutes les étapes de la succession, du conseil préalable jusqu’à la répartition finale des biens, en veillant à optimiser les aspects juridiques et fiscaux de votre transmission.

Questions fréquentes

L’usufruitier peut-il vendre seul le bien grevé d’usufruit ?

Non, selon l’article 595 du Code civil, la vente nécessite l’accord conjoint de l’usufruitier et des nus-propriétaires.

Comment sont répartis les frais de travaux ?

L’usufruitier finance les réparations d’entretien (article 605 du Code civil), les nus-propriétaires les grosses réparations touchant à la structure du bâtiment (article 606).

Les indivisaires nus-propriétaires peuvent-ils forcer la vente d’un bien grevé d’usufruit ?

Ils peuvent vendre la nue-propriété mais pas la pleine propriété sans l’accord de l’usufruitier. L’article 815-5-1 du Code civil ne permet pas de contraindre un usufruitier à céder ses droits.

Quelle fiscalité s’applique aux revenus d’un bien en indivision avec usufruit ?

Les revenus sont imposables entre les mains de l’usufruitier à 100% (article 582 du Code civil). Les nus-propriétaires ne déclarent aucun revenu lié au bien tant que l’usufruit existe.

Quels sont les avantages de créer une SCI pour gérer un bien en indivision grevé d’usufruit ?

La SCI transforme les droits indivis en parts sociales plus facilement cessibles, simplifie la gestion par l’application des règles du droit des sociétés, et permet d’adapter les statuts à la situation familiale.

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